Rien ne s’efface

Un film de Laetitia Mikles (2018, 52′)
En 2000, la cinéaste Laetitia Mikles enre­gistre une longue conver­sa­tion avec la cinéaste japo­naise Naomi Kawase. L’enregistrement s’a­vère inuti­li­sable. Huit ans plus tard, elle embarque pour le Japon avec trois cadeaux qui seront le point de départ du dia­logue des deux cinéastes à Nara, la ville de nais­sance de Naomi Kawase.

Être Jérôme Bel

Un film de Sima Khatami & Aldo Lee (2019, 79′)
Deux amis cinéastes décident de cap­tu­rer des moments de créa­tion du cho­ré­graphe fran­çais Jérôme Bel. Lui, qui ne se laisse enfer­mer dans aucune case accep­te­ra t‑il d’être le sujet de leur film ?

Terres Barcelo

Un film de Christian Tran (2018, 75′)

En 2016, deux ins­ti­tu­tions pari­siennes, le musée Picasso et la Bibliothèque natio­nale de France (BNF), ont offert à l’artiste espa­gnol contem­po­rain Miquel Barceló un ter­rain de jeu à sa mesure ou plus exac­te­ment à sa démesure.

Le Musée Picasso lui a pro­po­sé son sous-sol dans lequel l’ar­tiste a déci­dé d’é­ri­ger un mur inti­tu­lé « le grand mur de têtes », une grande construc­tion tenue par un tor­chis archaïque qui se veut comme une suite d’au­to­por­traits. Une œuvre pleine de trous, qui laisse pas­ser l’air et la lumière et aspire à une cer­taine forme de légè­re­té. À la BNF, l’artiste a inves­ti les parois vitrées de plus de 1000 m² et exé­cute une fresque éphé­mère tra­cée avec les doigts et des outils pri­mi­tifs dans de l’argile mouillée. Émerge alors tout un monde de terre et de lumière peu­plé du motif ani­mal, sai­si par une puis­sante force organique.

Le réa­li­sa­teur Christian Tran a pas­sé de longs moments auprès de l’artiste au tra­vail, cap­tant en même temps que ses gestes fas­ci­nants, des pro­pos à la fois lumi­neux et éru­dits sur l’art en géné­ral… ce qui ne l’empêche nul­le­ment d’écouter des matchs de foot lorsqu’il tra­vaille. Outre le pro­ces­sus créa­tif de ces deux œuvres monu­men­tales, le film nous offre éga­le­ment l’opportunité de visi­ter, tou­jours aux côtés de l’artiste, la cathé­drale de Palma de Majorque dans laquelle Miquel Barceló a éri­gé, entre 2001 et 2006, 300 m² de céra­miques en relief, repré­sen­tant la para­bole de la mul­ti­pli­ca­tion des pains et des pois­sons et qui a créée la polé­mique. Mais c’est sur­tout la des­cente dans la grotte Chauvet et les com­men­taires de l’artiste sur les des­sins parié­taux qui consti­tue le point d’orgue du docu­men­taire et que nous éclaire de façon spec­ta­cu­laire sur son tra­vail. Gratter, grif­fer, creu­ser, tri­tu­rer, tra­cer, tout le tra­vail de Barceló tient à la fois de l’art brut, du rituel, de la transe païenne ou sacrée. Et en reve­nant sans cesse sur deux de ses per­for­mances (Paso Doble à Avignon et L’image fan­tôme à Salamanque) Christian Tran ins­taure aus­si à sa manière une sorte de rituel, un bal­let autour d’un artiste hors norme. 

Akeji, le souffle de la montagne

Un film de Mélanie Schaan et Corentin Leconte (2020, 72′)

Dans la val­lée d’Himuro, au Japon, se niche un ermi­tage au toit d’herbe. Saison après sai­son, Maître Akeji et sa femme Asako vivent entou­rés de la nature, des esprits, du souffle du vent et de l’inspriration. 

Maître Akeji et Asako habitent à Himuro, un hameau recu­lé accro­ché aux flancs du Kurama Yama, dans un ancien refuge fores­tier où les bûche­rons venaient autre­fois s’abriter. Ensemble depuis ce qui semble une eter­ni­té, ils mènent une vie reti­rée et presque tota­le­ment autar­cique. Pourtant, Maître Akeji est un cal­li­graphe avant-gar­diste recon­nu dans le monde entier. Issu d’une lignée de samou­raï, il est un ini­tié de la « voie du pin­ceau » et du Zen. Avec une déli­ca­tesse infi­nie, les cinéastes suivent cette vie simple au fil des sai­sons. Cueillir des baies et des écorces, éla­bo­rer des pig­ments, pré­pa­rer la céré­mo­nie du thé, obser­ver le vent, pra­ti­quer des exer­cices de sabre. Les cal­li­gra­phies que l’on ne fait qu’a­per­ce­voir dans le film et qui pour­raient paraître secon­daires sont en fait le reflet exact ou mieux encore le résul­tat de cha­cun des gestes posés dans le quo­ti­dien. Et tout devient alors sacré, comme sus­pen­du par un souffle d’une poé­sie rare dans laquelle se réin­vente un rap­port à l’espace, au temps, à l’ombre et au vide. 

Phèdre ou l’explosion des corps confinés

Un film de Méryl Fortnuat Rossi (2021, 67′)

Faire, défaire, refaire, c’est le tra­vail nor­mal des comé­diens et comé­diennes. Mais lors­qu’une mala­die invi­sible vient détruire sans cesse le tra­vail, com­ment conti­nuer à créer ensemble ? Et pourquoi ?

Ils sont comé­diens et comé­diennes, dan­seurs, dan­seuses et cho­ré­graphes, elle est met­teuse en scène. Dans une salle de répé­ti­tion, ces artistes tra­vaillent sur la tra­gé­die Phèdre, écrite par Jean Racine en 1677, et qui devrait être mon­trée au Théâtre des Martyrs, à Bruxelles. Sauf que… nous sommes en mars 2021. Ils sont comé­diens et comé­diennes, dan­seurs, dan­seuses et cho­ré­graphe, elle est met­teuse en scène. Ensemble, ces artistes essaient de mon­ter Phèdre, une pièce sur un mal invi­sible… Au gré des confi­ne­ments, décon­fi­ne­ments, ouver­ture, annu­la­tion, espoir, avis diver­gents, les artistes aux nerfs de plus en plus éprou­vés se retrouvent ensemble autour d’un pro­jet qui, peu à peu, semble leur échap­per. Dans un monde qui, déjà, a per­du ses cou­leurs, il va être ques­tion de mettre en mots, en corps, en espace et en voix, toutes les blessures.

Les femmes préfèrent en rire

Un film de Marie Mandy (2021, 52′)

Le fémi­nisme a‑t-il besoin du rire pour se pro­pa­ger ? C’est ce que pense une nou­velle géné­ra­tion de femmes humo­ristes. Elles reven­diquent, grâce à l’humour, un fémi­nisme salu­taire et apai­sé, bien­ve­nu après la vague #MeToo. Effrontées et prô­nant leur fémi­ni­té, elles parlent d’elles, de leurs com­bats et de leur vision poli­tique dans l’espoir de faire évo­luer les men­ta­li­tés. Depuis quelques années, les femmes humo­ristes et les stand-upeuses se bous­culent sur les pla­teaux. Mordantes, inso­lentes, le regard aigui­sé, elles déploient leurs armes de déri­sion mas­sive. Assumées, et en par­tie issues de la diver­si­té, elles insufflent un vent nou­veau dans le milieu du one(wo)men-show. Elles n’épargnent rien ni per­sonne, et abordent avec une légè­re­té déjan­tée des sujets encore tabous. Violences conju­gales, sexisme, har­cè­le­ment, consen­te­ment, rap­ports sexuels, règles, patriar­cat, inceste, port du voile, reli­gion, mater­ni­té … Tout y passe. Partant de leur vécu (règle d’or du stand-up : tout doit être vrai – ou presque) elles ali­mentent une impro­bable liai­son entre fémi­nisme et humour, et inversement.

La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont déci­dé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et der­rière la camé­ra. Cinq réa­li­sa­trices talen­tueuses vont nous emme­ner à tra­vers leurs films docu­men­taires à la ren­contre d’artistes et de per­son­na­li­tés remar­quables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur uni­vers. Leur objec­tif com­mun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une camé­ra (Delphine et Carole, les insou­muses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes pré­fèrent en rire), la méta­mor­phose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).

The Ballad of Genesis and Lady Jaye

Un film de Marie Losier (2011, 68′)

Le docu­men­taire retrace l’histoire hors norme de l’artiste Genesis Breyer P‑Orridge et de sa femme et par­te­naire artis­tique, Lady Jaye, qui par amour ont déci­dé de se fondre en une seule enti­té. Artiste majeur de l’avant-garde new-yor­kaise de ces 30 der­nières années, consi­dé­ré comme l’un des pères de la musique indus­trielle, Genesis a défié les limites de l’art et de la bio­lo­gie. En 2000, il débute une série d’opérations afin de res­sem­bler trait pour trait à Lady Jaye, une per­for­mance ris­quée, ambi­tieuse et sub­ver­sive. The Ballad of Genesis and Lady Jaye relate cet acte ultime d’amour et de dévotion.

La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont déci­dé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et der­rière la camé­ra. Cinq réa­li­sa­trices talen­tueuses vont nous emme­ner à tra­vers leurs films docu­men­taires à la ren­contre d’artistes et de per­son­na­li­tés remar­quables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur uni­vers. Leur objec­tif com­mun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une camé­ra (Delphine et Carole, les insou­muses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes pré­fèrent en rire), la méta­mor­phose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).

Cezanne

Un film de Sophie Bruneau (2021, 61′)

Sophie Bruneau, accom­pa­gnée à la camé­ra par la pho­to­graphe Marie-Françoise Plissart, s’est ins­tal­lée pour un temps dans l’a­te­lier de Cézanne dit ate­lier des Lauves. Cette bas­tide assez modeste située à Aix-en-Provence lui ser­vit d’atelier entre 1901 et 1906, c’est-à-dire la der­nière par­tie de sa vie. Cézanne tra­vaille tous les matins dans ce grand espace bai­gné de lumière et de silence, par­mi les objets qui lui sont chers. Trois êtres à pré­sent se sont fait les gar­diennes du lieu. Elles épous­settent, dés­in­fectent, accueillent et guident les visi­teurs et les visi­teuses… par­fois elles res­tent là, pré­sences tuté­laires et pai­sibles comme impré­gnées par l’atmosphère sen­sible qui se dégage du lieu. C’est que des fan­tômes rôdent et que l’invisible chu­chote entre ces murs. Comme dans un tableau avec des pommes qui ne sont pas à cro­quer mais qui nous englou­tissent, nous absorbent len­te­ment dans le silence de la matière et dans la force des choses, le film lui aus­si nous absorbe, nous fait entrer dans un état de contem­pla­tion muette où la lumière et les formes ont triomphé.

La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont déci­dé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et der­rière la camé­ra. Cinq réa­li­sa­trices talen­tueuses vont nous emme­ner à tra­vers leurs films docu­men­taires à la ren­contre d’artistes et de per­son­na­li­tés remar­quables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur uni­vers. Leur objec­tif com­mun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une camé­ra (Delphine et Carole, les insou­muses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes pré­fèrent en rire), la méta­mor­phose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).

Marceline, une femme, un siècle

Un film de Cordelia Dvoràk (2018, 58′)

“Rouquine, juive, gau­chère, étran­gère.” Ce por­trait cro­qué en vitesse de Marceline Rozenberg, c’est elle-même qui nous l’offre : Marceline n’a jamais eu besoin des autres pour se défi­nir ou pour trou­ver sa place dans le monde. Née de parents juifs polo­nais immi­grés en France, res­ca­pée des camps nazis, cama­rade de dépor­ta­tion de Simone Veil, com­pagne du cinéaste Joris Ivens, Marceline Rozenberg va deve­nir Marceline Loridan-Ivens, et res­ter toute sa vie une femme libre, enga­gée ain­si qu’une cinéaste pas­sion­née. Car ce n’est pas au départ par l’écriture ou la parole publique qu’elle va rompre le silence sur sa dépor­ta­tion, mais par l’intermédiaire du ciné­ma, et plus spé­cia­le­ment dans un docu­men­taire de ciné­ma-véri­té signé Jean Rouch et Edgar Morin inti­tu­lé ‘Chroniques d’un été’. Si ‘Marceline une femme un siècle’ est, bien enten­du, le por­trait d’une artiste et d’une témoin majeure du 20e siècle, il est aus­si un film sur le ciné­ma et la sur­vie grâce à cet art. Le récit, agré­men­té d’archives fil­mées excep­tion­nelles, de pho­to­gra­phies inédites et du témoi­gnage de ses proches se nour­rit sur­tout de l’éner­gie et de la verve de cette femme alors âgée de 90 ans qui n’a rien per­du de son imper­ti­nence pour par­ler d’histoire, de poli­tique ou d’art. Ses films sur l’in­dé­pen­dance algé­rienne, la lutte pour l’in­dé­pen­dance viet­na­mienne ou encore de la Révolution cultu­relle en Chine res­te­ront les témoi­gnages de sa vision du monde et de la liber­té. Marceline Loridan-Ivens est morte en 2018.

La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont déci­dé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et der­rière la camé­ra. Cinq réa­li­sa­trices talen­tueuses vont nous emme­ner à tra­vers leurs films docu­men­taires à la ren­contre d’artistes et de per­son­na­li­tés remar­quables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur uni­vers. Leur objec­tif com­mun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une camé­ra (Delphine et Carole, les insou­muses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes pré­fèrent en rire), la méta­mor­phose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).

Delphine et Carole, insoumuses

Un film de Callisto McNulty (2018, 68′)

Dans les années 1970, deux femmes, Delphine et Carole décident de col­la­bo­rer et de mili­ter ensemble. Leur arme ? Une camé­ra. Elles réa­lisent ensemble une séries de vidéos conçues comme des inter­ven­tions poli­tiques au ser­vice des luttes des femmes, de toutes les femmes, de celles que jamais on entend ou que jamais on écoute, qu’elles soient comé­diennes, pros­ti­tuées, ouvrières… On connaît Delphine Seyrig, actrice chez Truffaut, Duras et Akerman ; on connaît moins Carole Roussopoulos, vidéaste qui fut l’une des pre­mières à s’emparer de la vidéo comme outil d’émancipation et libé­ra­tion de la parole.
Delphine et Carole, insou­muses, réa­li­sé par la petite-fille de Carole Roussopoulos, est un film de mon­tage qui croise les films tour­nés par les deux réa­li­sa­trices, des entre­tiens de Carole et des images d’archive de Delphine (films, émis­sions, etc.) Portrait magni­fique d’une com­pli­ci­té au tra­vail, por­trait d’une époque d’initiatives esthé­tiques et poli­tiques foi­son­nantes, plus de qua­rante ans ont pas­sé et leur pen­sée reste encore aujourd’hui d’une moder­ni­té décon­cer­tante. Un film impor­tant qui incite à décou­vrir l’œuvre docu­men­taire de ces deux muses libres et magni­fi­que­ment désobéissantes.

La Vénerie et le Centre du Film sur l’Art ont déci­dé de mettre à l’honneur des femmes artistes, devant et der­rière la camé­ra. Cinq réa­li­sa­trices talen­tueuses vont nous emme­ner à tra­vers leurs films docu­men­taires à la ren­contre d’artistes et de per­son­na­li­tés remar­quables. Les Mardis de l’Art vous invitent à entrer dans leur uni­vers. Leur objec­tif com­mun ? Changer notre regard sur le monde et sur l’art. Leurs armes ? Une camé­ra (Delphine et Carole, les insou­muses et Marceline, une femme, un siècle), l’humour (Les femmes pré­fèrent en rire), la méta­mor­phose (The Ballad of Genesis and Lady Jaye) et l’amour du beau (Cezanne).