Un film de Sima Khatami & Aldo Lee (2019, 79′)
Deux amis cinéastes décident de capturer des moments de création du chorégraphe français Jérôme Bel. Lui, qui ne se laisse enfermer dans aucune case acceptera t‑il d’être le sujet de leur film ?
Un film de Christian Tran (2018, 75′)
En 2016, deux institutions parisiennes, le musée Picasso et la Bibliothèque nationale de France (BNF), ont offert à l’artiste espagnol contemporain Miquel Barceló un terrain de jeu à sa mesure ou plus exactement à sa démesure.
Le Musée Picasso lui a proposé son sous-sol dans lequel l’artiste a décidé d’ériger un mur intitulé « le grand mur de têtes », une grande construction tenue par un torchis archaïque qui se veut comme une suite d’autoportraits. Une œuvre pleine de trous, qui laisse passer l’air et la lumière et aspire à une certaine forme de légèreté. À la BNF, l’artiste a investi les parois vitrées de plus de 1000 m² et exécute une fresque éphémère tracée avec les doigts et des outils primitifs dans de l’argile mouillée. Émerge alors tout un monde de terre et de lumière peuplé du motif animal, saisi par une puissante force organique.
Le réalisateur Christian Tran a passé de longs moments auprès de l’artiste au travail, captant en même temps que ses gestes fascinants, des propos à la fois lumineux et érudits sur l’art en général… ce qui ne l’empêche nullement d’écouter des matchs de foot lorsqu’il travaille. Outre le processus créatif de ces deux œuvres monumentales, le film nous offre également l’opportunité de visiter, toujours aux côtés de l’artiste, la cathédrale de Palma de Majorque dans laquelle Miquel Barceló a érigé, entre 2001 et 2006, 300 m² de céramiques en relief, représentant la parabole de la multiplication des pains et des poissons et qui a créée la polémique. Mais c’est surtout la descente dans la grotte Chauvet et les commentaires de l’artiste sur les dessins pariétaux qui constitue le point d’orgue du documentaire et que nous éclaire de façon spectaculaire sur son travail. Gratter, griffer, creuser, triturer, tracer, tout le travail de Barceló tient à la fois de l’art brut, du rituel, de la transe païenne ou sacrée. Et en revenant sans cesse sur deux de ses performances (Paso Doble à Avignon et L’image fantôme à Salamanque) Christian Tran instaure aussi à sa manière une sorte de rituel, un ballet autour d’un artiste hors norme.
Un film de Mélanie Schaan et Corentin Leconte (2020, 72′)
Dans la vallée d’Himuro, au Japon, se niche un ermitage au toit d’herbe. Saison après saison, Maître Akeji et sa femme Asako vivent entourés de la nature, des esprits, du souffle du vent et de l’inspriration.
Maître Akeji et Asako habitent à Himuro, un hameau reculé accroché aux flancs du Kurama Yama, dans un ancien refuge forestier où les bûcherons venaient autrefois s’abriter. Ensemble depuis ce qui semble une eternité, ils mènent une vie retirée et presque totalement autarcique. Pourtant, Maître Akeji est un calligraphe avant-gardiste reconnu dans le monde entier. Issu d’une lignée de samouraï, il est un initié de la « voie du pinceau » et du Zen. Avec une délicatesse infinie, les cinéastes suivent cette vie simple au fil des saisons. Cueillir des baies et des écorces, élaborer des pigments, préparer la cérémonie du thé, observer le vent, pratiquer des exercices de sabre. Les calligraphies que l’on ne fait qu’apercevoir dans le film et qui pourraient paraître secondaires sont en fait le reflet exact ou mieux encore le résultat de chacun des gestes posés dans le quotidien. Et tout devient alors sacré, comme suspendu par un souffle d’une poésie rare dans laquelle se réinvente un rapport à l’espace, au temps, à l’ombre et au vide.