Résumé
Comment filmer un artiste qui ne veut pas l'être ? Claudio Pazienza décide de mettre en scène des débuts de réponses à cette question et de dialoguer avec l'artiste à travers des archives recueillies par d'autres.
Avis
Comment faire un film sur un artiste résistant, qui dit au cinéaste "Débrouillez-vous !" ? Claudio Pazienza retourne cette absence en en faisant un film bien plus intéressant que s’il y avait eu une complicité préalable. Comme Marguerite Duras dans 'Le camion' qui avait utilisé le conditionnel pour parler d’un film en train de se faire, mais dont l’histoire était portée par le seul discours, le cinéaste joue ici sur le "On aurait pu...", plein de drôlerie en déambulant dans les rues d’Anvers en compagnie d’une autruche, oiseau qui "aurait pu" voler. Cette entrée en matière interroge Panamarenko et ses merveilleuses machines, dont une des dernières, le fameux 'Chicken' qui se contente de faire quelques pas en agitant ses ailes. Utilisant des images et des interviews prises lors de vernissages ou de mises à l’épreuve des mécaniques poétiques construites par Panamarenko, le cinéaste en fait un montage ironique et informatif. En cela, il restitue la démarche de l’artiste "navigateur, aviateur, sculpteur, ingénieur", en tout cas inventeur d’un art où le sérieux technologique devient rêve, mais "rêver c’est faire en sorte que tout fonctionne vraiment". Et l’on assiste à l’envol (modeste) d’une gigantesque montgolfière à l’utilisation (expérimentale) de godillots magnétiques, à l’avancée (hésitante) d’un char marin, au (léger) décollage d’une bicyclette volante. Et la voix off du cinéaste entame une conversation/évocation avec un Panamarenko filmé par d’autres. C’est drôle, juste et intelligent.