Résumé
Dans une ville de la banlieue de Santiago, l'enseignante Alicia Vega organise un atelier de cinéma pour enfants.
Avis
Dans une banlieue pauvre de Santiago, en 1988 — l’année du référendum qui ouvrit enfin la voie à la transition démocratique — Alicia Vega anime un atelier de cinéma pour enfants dans une petite chapelle. Là, la foi change de camp : elle passe du côté du peuple, de l’éducation et de la création. Chaque samedi, des enfants précarisés traversent la boue de leur quartier pour rejoindre cet espace improbable où leur est offert ce qui, dans la logique de la marginalisation, leur était jusque-là refusé : le droit à l’imaginaire.
La caméra les accompagne de près. Elle enregistre leurs récits de vie, leurs silences, leurs émerveillements devant les premières projections, leurs mains appliquées qui fabriquent de modestes mais magnifiques artifices, comme un thaumatrope. Et puis il y a ce moment inoubliable où, à bord d’un vieux bus « avenida Matta », ils quittent pour la première fois leur quartier pour assister à la projection d’un film dans une salle de cinéma de la capitale — un événement inédit pour la majorité d’entre eux.
En plaçant l’enfance au centre, le film opère un subtil mais ferme renversement : un échec et mat à l’adultocentrisme. Ici, ce sont les enfants qui enseignent. Ils transmettent un savoir immédiat, vivant, joyeux ; ils rappellent aux adultes que la créativité n’est pas une affaire de statut mais d’élan vital.
"Cien niños esperando un tren" nous relie ainsi à un retour au simple, au collectif, au créatif — là où se trouve l’humanité, cœur battant d’une pédagogie véritablement transformatrice. Le film n’est pas seulement un document : c’est un geste politique autant qu’un geste d’amour, un rappel que faire du cinéma, le partager, le comprendre, peut devenir une forme de résistance, et surtout une manière d’ouvrir un avenir.