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Un film d’Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes (2019, 53′)

Devant l’instrument, se tient, de face ou de côté, le musi­cien Jean-Guihen Queyras qui inter­prète les six suites pour vio­lon­celle de Jean-Sébastien Bach, un som­met de l’histoire de la musique occi­den­tale. Trois dan­seurs et deux dan­seuses (dont Anne Teresa De Keersmaeker elle-même) se suc­cèdent sur le pla­teau et donnent vie à cette sublime par­ti­tion. Au sol, sont tra­cés des cercles, des lignes droites, des formes géo­mé­triques com­plexes et des spi­rales en cou­leur qui sont non seule­ment des marques pour les dan­seuses et dan­seurs mais qui suivent les lignes musi­cales. Cela montre de manière tan­gible toute l’architecture éla­bo­rée entre mou­ve­ment et musique. Pour preuve, ce début de film autour de la table, par­ti­tions en main, que le musi­cien décode avec la cho­ré­graphe et la deuxième dan­seuse, note après note, clé après clé, mesure après mesure et qu’Anne Teresa patiem­ment annote. Le tra­vail au cor­deau qui est à l’œuvre ici nous montre com­bien la géo­mé­trie tient une place pri­mor­diale et qu’il s’agit d’un véri­table tra­vail sur les pers­pec­tives, une minu­tieuse occu­pa­tion de l’espace. Pour autant, il ne s’agit pas d’illustrer la musique mais au contraire de la mon­trer sous toutes ses facettes, de l’éclairer par­fois, de la prendre à rebrousse-poil à d’autres, de la mettre au défi ou en pers­pec­tive ailleurs encore… Et c’est bien ce que par­viennent à éclai­rer de manière sai­sis­sante les deux cinéastes, l’étreinte fas­ci­nante et presque vivante entre musique et danse, la confron­ta­tion et la fusion réus­sie de la musique ancienne qui se conjugue avec la moder­ni­té de la danse et des dan­seuses et dan­seurs. Le duo Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes, atten­tif et pré­sent à la fois aux gestes mais aus­si aux mots, trouve la dis­tance idéale pour nous faire entrer dans ce pro­ces­sus et rendre visible l’invisible. En met­tant en lumière ce tra­vail opi­niâtre et auda­cieux, les cinéastes nous montrent que la recherche de cette cho­ré­graphe est théo­rique sans être abs­traite, mathé­ma­tique en res­tant sen­suelle. Et l’on s’installe avec joie dans ce docu­men­taire qui pour­rait durer des heures tant on a de plai­sir à être avec elles et eux, à les voir cher­cher, se trom­per, recom­men­cer, dou­ter et confron­ter leurs ressentis…

Cycle Les Mardis de l’Art (Boitsfort) -
Tuesday 05 October 2021 - 12h30

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