Pendant deux ans, Hara Kaminara aura été la photographe de l’Aquarius, ce navire qui a sillonné la Méditerranée pour porter secours aux embarcations fragiles et bondées qui cherchent à rejoindre l’Europe en risquant tous les périls. Ce film poignant sous le signe des violences de notre monde questionne ce que peut le documentaire, car Lettre à Nikola est une réflexion profonde et grave sur le pouvoir des images, sur ce que signifie aujourd’hui témoigner.
Un événement mensuel en collaboration avec Cinergie.be
Un film de Marie-Françoise Plissart (2019, 52′)
À Kinshasa, une dizaine d’anciens membres de gangs violents ont formé un groupe de percussionnistes, les Beta Mbonda. Ils jouent avec tout ce qui leur tombe sous la main et construisent entre eux une nouvelle fraternité.
Comme un écho à ses travaux photographiques réalisés depuis de nombreuses années en République Démocratique du Congo, Marie-Françoise Plissart signe un documentaire à la fois vital et contemplatif sur un douzaine d’anciens Kulunas, des délinquants issus de gangs criminels instrumentalisés par le pouvoir politique et édictant leur loi à la population locale. Devenus aujourd’hui musiciens du groupe les Beta Mbonda, ces garçons ont transformé leurs vies par la musique et ainsi scellé leur amitié. Entre petits boulots et improvisations musicales, ils inventent des rythmes et chantent les difficultés de la vie quotidienne avec un esprit de jeu aux apparences légères. Tel un chœur grec, à partir d’instruments traditionnels ou d’objets banals, leurs chants résonnent dans l’espace de Kinshasa et se font l’écho d’une ville-Monde à la dérive. La réalisatrice offre des plans larges, des moments de rêveries aux sons des tambours, des petites scènes théâtralisées qui apportent un décalage heureux face à la violence socio-économique décrite dans les chansons. Elle se tient à contre-courant du cliché habituel consistant à filmer Kinshasa à toute allure et dans le chaos. Sans aucun misérabilisme ni pathos, elle construit son film comme une sculpture qui raconterait, par l’évidence de sa forme, la nécessité de construire ensemble, de prendre possession d’un espace et d’un temps qui devraient nous appartenir. Un film inclassable, qui chaloupe entre documentaire et fiction, à l’endroit juste où le plaisir de jouer rebondit sur celui de l’enregistrer.
Un film de Cordelia Dvoràk (2018, 58′)
“Rouquine, juive, gauchère, étrangère.” Ce portrait croqué en vitesse de Marceline Rozenberg, c’est elle-même qui nous l’offre : Marceline n’a jamais eu besoin des autres pour se définir ou pour trouver sa place dans le monde. Née de parents juifs polonais immigrés en France, rescapée des camps nazis, camarade de déportation de Simone Veil, compagne du cinéaste Joris Ivens, Marceline Rozenberg va devenir Marceline Loridan-Ivens, et rester toute sa vie une femme libre, engagée ainsi qu’une cinéaste passionnée. Car ce n’est pas au départ par l’écriture ou la parole publique qu’elle va rompre le silence sur sa déportation, mais par l’intermédiaire du cinéma, et plus spécialement dans un documentaire de cinéma-vérité signé Jean Rouch et Edgar Morin intitulé ‘Chroniques d’un été’. Si ‘Marceline une femme un siècle’ est, bien entendu, le portrait d’une artiste et d’une témoin majeure du 20e siècle, il est aussi un film sur le cinéma et la survie grâce à cet art. Le récit, agrémenté d’archives filmées exceptionnelles, de photographies inédites et du témoignage de ses proches se nourrit surtout de l’énergie et de la verve de cette femme alors âgée de 90 ans qui n’a rien perdu de son impertinence pour parler d’histoire, de politique ou d’art. Ses films sur l’indépendance algérienne, la lutte pour l’indépendance vietnamienne ou encore de la Révolution culturelle en Chine resteront les témoignages de sa vision du monde et de la liberté. Marceline Loridan-Ivens est morte en 2018.
Un film de Caroline D’hondt (2010, 52′)
Alfredo Vilchis est l’un des derniers peintres mexicains d’ex-voto. Il perpétue cette tradition consistant à peindre de petits tableaux offerts en remerciement à un saint ou une vierge pour son intervention miraculeuse.Observatrice discrète de ce monde où profane et divin tout à coup se rencontrent, la réalisatrice ne cède ni au didactisme, ni aux préjugés. Avec respect et humilité, prenant le temps qu’il faut, elle se fait, à l’image de son personnage, la recenseuse, la glaneuse de la parole, avançant d’entretiens en entretiens, choisis pour leur force narrative et leur puissance évocatrice. Ainsi, Ex-voto se tient tout entier dans la chronique des bonheurs et malheurs des petites gens, à l’écoute d’une parole archaïque, celle qui se chuchote et se pleure et vient se déposer dans l’espérance d’un monde meilleur, hors du monde.
Un film de Marianne Lambert (2015, 67′)
Chantal Akerman nous fait remonter le fil de son parcours nomade, de Bruxelles à Tel-Aviv, de Paris à New York. Se confrontant à son public, elle analyse ici le sens de son existence comme de son œuvre et revient aux origines de son langage cinématographique pour tenter une définition de ses partis pris esthétiques.
Un film de Marie-Ève de Graeve (2019, 52′)
Plongez au cœur de l’œuvre photographique et picturale de Dora Maar avec ce film qui retrace le parcours fulgurant d’une personnalité hors-norme. Libérée, l’œuvre s’impose à nous, incontournable et singulière, dévoilant une artiste totale et aux multiples facettes.
Désolé, cet article est seulement disponible en EN.
Un film de Victoria Clay Mendoza (2012, 52′)
Doit-on encore présenter l’artiste française Sophie Calle qui, depuis plus de trente ans, a fait de sa vie personnelle le thème essentiel de son œuvre. De telle sorte qu’il nous semble la connaître réellement. Et si Sophie Calle était autre que celle que nous avions imaginée ? Victoria Clay Mendoza, réalisatrice et amie, pénètre seule dans l’atelier de la plasticienne. Elle est guidée par une lettre lue à voix haute par Sophie Calle elle-même (qui d’autre ?) et qui l’autorise à se servir de tout ce matériel accumulé depuis des années : films, photos, lettres, documents, objets… autant de traces de son existence et de son œuvre. Sur cette idée de film en forme de jeu de piste caractéristique du travail de l’artiste, nous sommes pris dans ses filatures d’inconnus, l’accompagnons pour une nuit blanche au sommet de la Tour Eiffel et à Las Vegas pour un mariage pour le moins hasardeux. Au centre de ce portrait en creux qui semble léger et ludique, une ombre pèse pourtant, celle de la mort, la mort des autres, la mort aux autres avec laquelle on voudrait jouer aussi pour qu’elle ne fasse plus aussi peur.
Désolé, cet article est seulement disponible en EN.
Un film de Olivia Rochette & Gérard-Jan Claes (2019, 53′)
Sur un plateau nu, une danseuse et des danseurs, une chorégraphe et un musicien travaillent ensemble sur les six suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, cherchant à faire dialoguer les corps et la musique.
Désolé, cet article est seulement disponible en EN.
Un film de Anjaan Nitesh (2017, 56′)
Depuis plus de vingt ans, Mette Holm est la traductrice danoise attitrée de l’écrivain japonais Haruki Murakami. Femme posée et méticuleuse, d’un calme en apparence inaltérable, elle cherche constamment à trouver le mot et la phrase permettant de faire ressentir aux lecteurs et lectrices, l’univers onirique si particulier de l’auteur. Plus qu’un travail, son métier est un mode de vie qui la conduit dans des endroits insolites, à la rencontre d’autres personnes qui, comme elle, tentent de percer les mystères de sa langue. Mette Holm peine à trouver les mots parfaits. Autour d’elle, la frontière entre réalité et fiction commence peu à peu à se brouiller. C’est que l’univers de Murakami est plus qu’une atmosphère, c’est un monde prégnant dans lequel on s’immerge dans le doute avec délices mais peut être aussi un peu d’effroi. Avec beaucoup d’intelligence, Nitesh Anjaan se joue des frontières entre fiction et documentaire, imaginaire et réalité pour nous entraîner dans cette quête. Il parvient à montrer, avec humour, à quoi ressemble la vie intérieure d’une personne entièrement dédiée à la retranscription d’un imaginaire qui n’est pas le sien, et au centre de cette recherche il se joue du pouvoir des mots et de leur puissance à convoquer dans le réel ce qu’ils évoquent.