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Un film de Giulio Boato et Enrico Pitozzi (2018, 52′)
Un morceau de violoncelle exécuté au beau milieu d’un lac plongé dans le brouillard, c’est la manière dont le cinéaste Giulio Boato ouvre son film consacré au travail de l’artiste japonais Shiro Takatani. Une plongée sensorielle à la fois visuelle et auditive dans un imaginaire volontairement marquant à l’image des propositions de l’artiste. Le documentaire fait alterner des interviews de Shiro Takatani et de ses proches (dont le célèbre compositeur Ryuichi Sakamoto), de commissaires, des installations ou des extraits de ses spectacles et des plans sur les paysages japonais. Peu à peu, le film dévoile plus de trois décennies de création autour de la technologie et de la nature, l’une ne cessant jamais d’éclairer l’autre. L’artiste révèle ses influences et ses pensées ainsi que les principes directeurs de son travail qui échappent aux cadres imposés par l’un ou l’autre des champs artistiques qu’ils traversent. Il a d’ailleurs créé Dumb Type, dans les années 1980, une compagnie pluridisciplinaire unique qui rassemblait des architectes, des ingénieurs du son, des vidéastes, danseurs, danseuses, musiciens et musiciennes. À travers ce travail où les frontières entre le spectacle vivant, l’installation vidéo et les arts graphiques s’estompent, nous voyageons des abysses au cosmos, dans un univers qui nous échappe mais propose des formes inoubliables.
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Un film de Gautier Deblonde (2019, 52′)
Ce film est avant tout un film sur le temps, une immersion totale dans l’atelier, le travail et les gestes méticuleux du sculpteur hyperréaliste Ron Mueck. Durant deux ans, Gautier Deblonde a eu carte blanche pour filmer l’artiste lors de la réalisation de trois œuvres exposées à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, en 2013. Pouvoir pénétrer le sanctuaire d’un artiste réputé secret, à l’image de ses sculptures silencieuses, méditatives et mystérieuses, captive immédiatement. Le voir au travail impressionne. On y lit clairement son obsession pour le vrai et une approche sensible jusqu’à l’extrême des formes et des matériaux. En repoussant les limites de la ressemblance, Ron Mueck invente des personnages dont les expressions nous sont à la fois familières et totalement étrangères. Gautier Deblonde parvient à maintenir notre attention sans aucun mot. Son regard impose une atmosphère et ses cadrages, non sans humour, nous invite à partager des sensations presque physiques. Un film qui entre dans la plus grande intimité de la création et en restitue les choses les plus ténues.
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Un film d’Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes (2019, 53′)
Devant l’instrument, se tient, de face ou de côté, le musicien Jean-Guihen Queyras qui interprète les six suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, un sommet de l’histoire de la musique occidentale. Trois danseurs et deux danseuses (dont Anne Teresa De Keersmaeker elle-même) se succèdent sur le plateau et donnent vie à cette sublime partition. Au sol, sont tracés des cercles, des lignes droites, des formes géométriques complexes et des spirales en couleur qui sont non seulement des marques pour les danseuses et danseurs mais qui suivent les lignes musicales. Cela montre de manière tangible toute l’architecture élaborée entre mouvement et musique. Pour preuve, ce début de film autour de la table, partitions en main, que le musicien décode avec la chorégraphe et la deuxième danseuse, note après note, clé après clé, mesure après mesure et qu’Anne Teresa patiemment annote. Le travail au cordeau qui est à l’œuvre ici nous montre combien la géométrie tient une place primordiale et qu’il s’agit d’un véritable travail sur les perspectives, une minutieuse occupation de l’espace. Pour autant, il ne s’agit pas d’illustrer la musique mais au contraire de la montrer sous toutes ses facettes, de l’éclairer parfois, de la prendre à rebrousse-poil à d’autres, de la mettre au défi ou en perspective ailleurs encore… Et c’est bien ce que parviennent à éclairer de manière saisissante les deux cinéastes, l’étreinte fascinante et presque vivante entre musique et danse, la confrontation et la fusion réussie de la musique ancienne qui se conjugue avec la modernité de la danse et des danseuses et danseurs. Le duo Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes, attentif et présent à la fois aux gestes mais aussi aux mots, trouve la distance idéale pour nous faire entrer dans ce processus et rendre visible l’invisible. En mettant en lumière ce travail opiniâtre et audacieux, les cinéastes nous montrent que la recherche de cette chorégraphe est théorique sans être abstraite, mathématique en restant sensuelle. Et l’on s’installe avec joie dans ce documentaire qui pourrait durer des heures tant on a de plaisir à être avec elles et eux, à les voir chercher, se tromper, recommencer, douter et confronter leurs ressentis…
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Un film de Ole Roos (1975 – 52’)
Un film de rencontre avec quelques cobristes – Pierre Alechinsky, Constant, Corneille, Carl Pedersen – et structuré autour de l’histoire du mouvement racontée par Christian Dotremont. Depuis le manifeste du 8 novembre 1948 et passant par la définition de l’esprit CoBrA, la vie du groupe, les rencontres de Bregenrod, le scandale de l’exposition du Stedelijk. Des documents, des photos, des tableaux, des ateliers mais surtout l’extraordinaire présence de Christian Dotremont avec son discours, son humour. Un moment d’anthologie loufoque : le commentaire d’un livre de préhistoire, illustré pour les enfants, qui sert à décrire les grands moments du mouvement. Le film s’ouvre et se ferme sur les images du 10 rue de la Paille, lieu fondateur maintenant complètement délabré, il respecte la chronologie, et se construit à base d’interviews qui sont maintenant devenues d’exceptionnels documents.
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Un film de Robert Bober (1997 – 70’)
Au départ, une idée de cinéaste : demander à Pierre Alechinsky ce qu’il pense de la reproduction de ses tableaux captés par une caméra de télévision. Est-ce que les couleurs sont exactes et sinon comment arriver à une plus grande fidélité ? Ce postulat purement technique tourne court et c’est le peintre qui va entraîner le réalisateur sur son territoire et le faire entrer dans ses interrogations. C’est là que le film devient passionnant, ouvert comme une grande conversation. Pourquoi est-il passé de la peinture verticale où la toile est posée sur un chevalet, à la gestuelle orientale où le papier est posé à même le sol ? Comment s’est faite sa découverte de l’acrylique avec l’œuvre charnière ‘Central Park’ (1964) ? D’où est venue l’idée des “remarques marginales” mises autour d’un motif central ? Que lui a appris la calligraphie japonaise ? Comment utilise-t-il les papiers anciens, lettres, cartes de géographie, factures du siècle passé ? Le film s’achève sur les séquences fascinantes de l’élaboration d’une œuvre où l’on voit le peintre entrer en création, faire et expliquer ses choix et ses gestes, commenter son travail. Cette structure vivante où l’intervieweur n’est qu’un orienteur donne à ce film une liberté et une intelligence qui gomment toute information au profit de la rencontre : il s’agit d’un portrait juste.
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Un film d’ Ilana Navaro (2018 – 52’)
Il est jeune, il est noir et il chante, la tête remplie de rêves. Il a quitté son Congo natal pour venir étudier en Europe. Serge Kakudji n’est pas rappeur, mais contre-ténor et si la couleur de sa peau est parfois un handicap dans le monde de l’opéra, la force de son rêve parviendra peut-être à le transformer en atout.
https://www.lavenerie.be/programme/reve-kakudji‑2/
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