Hergé à l’ombre de Tintin

Un film d’Hugues Nancy (2016, 81′)

Par une immer­sion dans l’univers de Tintin et une décons­truc­tion du pro­ces­sus créa­tif du des­si­na­teur belge, ce film de Hugues Nancy, pro­duit à l’occasion de l’exposition Hergé au Grand Palais à Paris, retrace tout le par­cours de Georges Remi, dit Hergé. Dans cha­cune des périodes de la vie d’Hergé, depuis son impli­ca­tion dans le mou­ve­ment scout lorsqu’il était jeune jusqu’à sa fas­ci­na­tion pour l’art contem­po­rain qu’il entre­tien­dra long­temps, Tintin n’est jamais bien loin. Les archives et témoi­gnages per­mettent d’appréhender le phé­no­mène Tintin, qui a fini par dépas­ser son créa­teur. On découvre un homme sur­doué et achar­né qui, à la fin de sa vie, se des­si­nait en pri­son­nier, enchaî­né à sa table à dessin.

 

L’énigme Chaland

Un film d’Avril Tembouret (2018, 86′)

En 1990, Yves Chaland, des­si­na­teur et pro­dige de la bande des­si­née, dis­pa­raît à l’âge de 33 ans. Vingt cinq ans plus tard, son sou­ve­nir est éton­ne­ment vivant.

Des auteurs aus­si incon­tour­nables tels que Berbérian, Clerc, Floc’h, Gaccio, Lepennetier, Margerin, Roussin, Zep ou l’ac­teur Benoit Poelvoorde se réclament de lui comme d’un maître, et son œuvre, d’à peine une dizaine d’albums, semble conser­ver une puis­sance d’évocation intacte. Mais à quoi tient cette étrange excep­tion, unique dans l’histoire de la bande dessinée ?

 

Le Cubisme

Une grande tra­ver­sée du cubisme, de ses ori­gines jusqu’à sa bana­li­sa­tion à l’Exposition inter­na­tio­nale des Arts déco­ra­tifs de 1925, en pas­sant par les peintres, les tableaux majeurs, les lieux, les événements…

Le cubisme a cer­tai­ne­ment été la plus impor­tante révo­lu­tion plas­tique du XXe siècle pro­po­sée sur la sur­face plane d’un tableau. Le film est un voyage à vive allure à tra­vers ce mou­ve­ment, depuis ses ori­gines (Paul Cézanne, “l’art nègre”, l’art des Cyclades) jusqu’à sa bana­li­sa­tion à l’Exposition inter­na­tio­nale des Arts déco­ra­tifs de 1925 en pas­sant par les tableaux et les peintres majeurs : Pablo Picasso, Georges Braque, Juan Gris, Marcel Duchamp, Fernand Léger, etc. Le film ne s’en tient pas aux artistes mais aborde éga­le­ment le contexte envi­ron­nant avec le mar­chand Daniel-Henry Kahnweiler, les lieux (Le Bateau Lavoir, La Ruche), les évé­ne­ments (la repré­sen­ta­tion du bal­let ‘Parade’ d’Éric Satie ima­gi­né par Jean Cocteau, avec des décors et cos­tumes signés Picasso). Cette matière très dense est por­tée par des inter­views d’historiens et de témoins, des bandes d’actualité, beau­coup de vues de Paris, des extraits de films sur les peintres et, évi­dem­ment, des tableaux. Le com­men­taire, truf­fé de cita­tions, est his­to­rique et informatif.<

Pol Bury – La poésie de la lenteur

Pol Bury, la poé­sie de la len­teur est un film riche d’images et de témoi­gnages, qui donne à sen­tir le tra­vail de cet artiste hors norme, pro­téi­forme, mais obsé­dé par une seule et même quête, celle de la per­cep­tion du temps. Cousu de mul­tiples entre­tiens avec celles et ceux qui lui furent proches (Pierre Alechinsky, André Balthazar, Velma Bury, Adrien Maeght), le film per­met de sai­sir le par­cours d’un artiste qui a tra­ver­sé trois mou­ve­ments artis­tiques fon­da­men­taux du 20e siècle en Belgique. D’abord, le sur­réa­lisme, après sa ren­contre très mar­quante avec Achille Chavée. Ensuite, CoBrA, mou­ve­ment auquel il par­ti­ci­pa acti­ve­ment au côté de Christian Dotremont. Enfin, la pata­phy­sique en fon­dant, avec André Balthazar, l’Académie de Montbliart et le Daily-Bul. Trois époques, trois mou­ve­ments tra­ver­sés par cet esprit irré­vé­ren­cieux, désin­volte et une quête infi­nie du renou­veau et d’af­fran­chis­se­ment de toutes les contraintes. En un mot, l’esprit Bul, qui comme le défi­nis­sait André Balthazar est “une façon de perdre l’équilibre (…), une façon d’en dire assez pour ne pas en dire trop.” Une défi­ni­tion prise à la lettre par le réa­li­sa­teur Arthur Ghenne qui insère aux témoi­gnages, les images des œuvres de Bury. Ces œuvres tra­versent par­fois les entre­tiens en sur­im­pres­sions ou en super­po­si­tions et livrent, sou­vent avec humour, les dif­fé­rentes évo­lu­tions et la quête d’un homme qui appa­raît, au fil du film, comme un génial facé­tieux. Scandé par des inter­views de l’artiste qui explique son tra­vail, ‘Pol Bury, la poé­sie de la len­teur’ est un docu­ment bour­ré d’informations, qui se per­met des clins d’œil pince sans rire (“à la Bury”), notam­ment quand il déforme un por­trait pour imi­ter ses ramol­lis­se­ments, intro­duit des caméos dans les images ou s’amuse à cadrer et déca­drer les œuvres en regard des témoignages.

Paul Delvaux, le somnambule de Saint-Idesbald

Un film de Adrian Maben (1986, 60′)

Adrian Maben suit le peintre belge Paul Delvaux dans ses dif­fé­rents lieux de vie et l’é­coute se racon­ter. Un por­trait dans lequel reviennent sans cesse les motifs de sa peinture.

Paul Delvaux raconte sa vie, ses sou­ve­nirs, parle de son tra­vail, des thèmes qui sont les siens, tous venus d’un détail auto­bio­gra­phique. Il peint les trains, les trams, les villes désertes, le per­son­nage savant sor­ti tout droit des édi­tions Hetzel, les sque­lettes qui, pour lui, ne sym­bo­lisent pas la mort mais dra­ma­tisent la vie, et des femmes belles, immo­biles et absentes. Son dis­cours est simple, tou­chant, lumi­neux. On le suit dans ses dif­fé­rentes mai­sons, de celle de sa grand-mère à la der­nière à Furnes, en pas­sant par la mai­son Périer qu’il a déco­rée. Traversent le film, sa femme Tam, Alain Robbe-Grillet qui vou­lait lui confier les décors de ‘L’année der­nière à Marienbad’, une jeune femme modèle qui parle de leur rap­port filial. Adrian Maben reste dans le repor­tage clas­sique : inter­views, extraits de films (Henri Storck, Jean Antoine, Georges Benedek), pré­sence de nom­breux tableaux et des­sins. Les images ne sont pas très ori­gi­nales, mais on apprend beau­coup de choses. Paul Delvaux est heu­reu­se­ment très pré­sent et on se rend compte de l’énorme force de tra­vail de ce vieux mon­sieur aux yeux bleus, qui peint et des­sine inlas­sa­ble­ment, et a une douce phi­lo­so­phie de la vie parce que sa vie a été douce.

La face cachée de l’art américain

Un film de François Lévy-Kuentz (2018, 52′)

Ce docu­men­taire, riche d’archives en cou­leur, revient en détail sur la manière dont les États-Unis, pro­fi­tant du chaos engen­dré par le second conflit mon­dial, de la détresse euro­péenne, puis de la guerre froide, ont uti­li­sé les artistes.

 

Costakis, le collectionneur

Un film de Barrie Gavin (1983, 60′)

Portrait de George Costakis qui consti­tua une des plus grandes col­lec­tions d’a­vant-garde russe. Il prend place par­mi les grands col­lec­tion­neurs du 20e siècle, et c’est grâce à son flair et à sa patience infa­ti­gable que nous pou­vons aujourd’­hui avoir une meilleure com­pré­hen­sion de l’a­vant-garde russe.

 

Le cristal et la fumée

Un film de Serge Steyer et Stéphane Manchematin (2014, 52′)

Portrait sen­sible du plas­ti­cien Patrick Neu qui déve­loppe, depuis plus de trente ans, un tra­vail avec des matières fra­giles : ailes d’abeilles et de papillons, suie, cris­tal, cire, mues de ser­pent, coquilles d’œufs…

Objets surréalistes, avez-vous donc une âme ?

Un film de Jean-Paul Fargier (2002, 52′)

Richement docu­men­té, le film de Jean-Paul Fargier décrit le sur­réa­lisme à tra­vers les rap­ports nou­veaux, révo­lu­tion­naires et per­tur­ba­teurs que le mou­ve­ment artis­tique a ins­tau­ré avec les objets.

Dans le cadre de l’ex­po­si­tion Inside Magritte, jus­qu’au 6 mars à La Boverie (Liège).

 

L’archipel Carpaccio

Un film de Pierre Samson (1978, 41′)

À par­tir de son texte inti­tu­lé ‘Esthétique sur Carpaccio’, le phi­lo­sophe Michel Serres explore l’espace de la ville de Venise et les tableaux de ce peintre du 15e siècle qui a figu­ré les che­mi­ne­ments de la com­mu­ni­ca­tion humaine.

Dans le cade de l’exposition Autour de Raphaël. Estampes du musée Wittert au Grand Curtius, jus­qu’au 16 janvier.